séries TV

François Mitterrand fan de "Dallas"

Par Le 23/11/2016

 

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On le sait, François Mitterrand appréciait particulièrement la série "Dallas" (sa fille Mazarine en avait même rejoué une scène avec lui). Dans son livre de souvenirs, "Au service du président" (Michel Lafon, 1999), le gendarme Christian Prouteau, en charge de la protection rapprochée, raconte cette étonnante anecdote :

Après avoir visité l'école des officiers de gendarmerie de Melun, le président va prendre le Mystère 50 qui l'attend à l'aéroport de Ville-Laroche pour se rendre à Latche. Une cinquantaine de personnes -civils et militaires- attendent que l'avion décolle.

"A une centaine de mètres de nous, le Mystère 50 (...) a commencé à accélérer, puis tout à coup a freiné et s'est arrêté. Nous nous sommes tous figés un peu plus (si c'est possible !) sans que personne n'ose demander ce qui se passait. La porte de l'avion s'est ouverte, et l'on a vu apparaître le Président, qui faisait de grands gestes dans notre direction. Etonnement, hésitations : qui donc avait l'honneur d'être hélé de la sorte ? Finalement, François de Grossourve a pris l'initiative : il est parti en trottinant vers l'avion. Nous l'avons vu discuter quelques instants avec François Mitterrand avant de se tourner vers nous pour faire, lui aussi, de grands signes. Tout le monde se regardait avec perplexité. Qui était convoqué ? Pensant qu'il s'agissait peut-être d'un problème de sécurité, je levai la main, comme à l'école. François de Grossourve m'a fait "oui" de la tête. Je suis parti à mon tour en courant vers l'avion, pendant que le conseiller amorçait un retour, toujours trottinant. Nous nous sommes croisés sur le parcours.

-Qu'est-ce qu'il veut ?

-Je ne sais pas ! Allez voir, il désire vous parler... 

Il devait sans doute s'agir de quelque chose d'important, j'ai parcouru les derniers mètres à toute allure.

-Vous vouliez me voir, monsieur le Président ?

-Oui, commandant. Est-ce que vous pouvez m'enregistrer "Dallas", ce soir ?

Je me suis demandé si j'avais bien entendu.

-Oui, monsieur le Président.

-Merci. Mais dépêchez-vous, ça commence à 19 heures.

J'ai regardé ma montre : il était 18h50... Je me suis mis au garde-à-vous, jusqu'à ce que l'avion s'éloigne. Je sentais, derrière mon dos, cinquante regards inquiets et admiratifs pointés sur moi. Ils devaient tous penser que j'étais chargé d'une mission de la plus haute importance, je ne pouvais pas les décevoir ! Une fois réprimée mon envie de rire, j'ai fait demi-tour et suis reparti en courant, tâchant de prendre un air de circonstance. Personne n'a osé me demander la moindre explication.

-Colonel ! Pouvez-vous me fournir un véhicule, j'ai un appel urgent à passer.

-Bien sûr, mon commandant.

Le colonel m'a donné sa Jeep, et j'ai filé au PC de la base. Pour préserver la confidentialité de ma mission, on m'a laissé seul dans un bureau : je pouvais enfin appeler ma femme pour lui demander d'enregistrer "Dallas"! Et comme je sais qu'il faut toujours assurer ses arrières, j'appelai aussi la permanenece du GSPR, pour qu'ils en fassent autant."

 

Prouteau

 

Une des dernières interviews de Robert Vaughn

Par Le 13/11/2016

L'acteur Robert Vaughn vient de nous quitter. Il était le dernier des "7 Mercenaires" encore en vie, mais a aussi tourné "Bullitt", "La Tour infernale", "Superman 3"... et les séries TV "Des agents très spéciaux", "Poigne de fer et séduction" et "Les Arnaqueurs VIP". La revue "Cinema Retro" l'avait interviewé il y a quelques années.

 

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Hommage à Lalo Schifrin

Par Le 13/11/2016

A l'occasion de l'hommage de la Cinémathèque française au compositeur Lalo Schifrin, je republie l'article que j'avais consacré à la création du thème de "Mission : impossible" (dans un fasicule de la collection DVD éditée par Cobra).

Disque 1

 

UN THEME MUSICAL INCONTOURNABLE

« Je suis fier de Mission: impossible ! » clame Lalo Schifrin. Et pourquoi ne le serait-il pas ? Cette musique a fait le tour du monde et l’a rendu extrêmement célèbre. Né en Argentine en 1932, il a fait ses débuts comme musicien de jazz, collaborant avec des « pointures » comme Dizzy Gillepsie, Quincy Jones ou Stan Getz. Il compose sa première bande originale pour Sur la piste du rhinocéros blanc en 1964 puis enchaîne avec Les Félins, Les Tueurs de San Francisco, Le Kid de Cincinnati et Le Liquidateur. En 1966, il est contacté par Bruce Geller. « Bruce m’a invité à la réalisation du pilote de Mission: impossible, ce qui, j’allais vite l’apprendre, n’est pas chose courante. En général, on se contente de visionner les épisodes, l’essentiel pour un compositeur de cinéma ou de télévision étant de « voir ». Dans mon cas, l’image me dicte véritablement la musique. Sur le tournage, nous avons beaucoup parlé, Bruce et moi. De n’importe quoi. Il était très brillant, incroyablement ouvert et fabuleusement doué. »

« C’était tellement parfait ! »

Bruce Geller demande à Lalo Schifrin de composer un thème pour chacun des cinq personnages (lire encart). « Je pensais au contraire qu’il fallait un thème unique afin d’insister sur l’esprit d’équipe, sur son unité et son but coercible : accomplir LA mission, une chose quasi militaire. » Il écrit alors « The Mission March », plein de roulements de tambours, qui sera finalement utilisé pour les scènes réunissant toute l’équipe (et reformulé « The Plot » dans le disque paru à l’époque). Geller préfère pour le générique le morceau que Schifrin a composé pour le final, un thème très rythmé à cinq temps, ce qui est inhabituel pour l’époque. Pour l’enregistrer, le compositeur argentin a engagé des musiciens de jazz de la Côte Ouest : Bill Plummer (cithare), Bud Shank (saxophone alto), Stu Williamson (trompette) et Mike Melvoin (piano). Martin Landau a assisté à cette session historique : « J’ai vu les musiciens arriver, Lalo a levé sa baguette et j’ai entendu dumm, dumm, da, da, dumm… pour la première fois, et c’était assourdissant. Il les a interrompus et leur a dit : « Non, non, ça devrait être comme ça, et ceci comme ça. » Et ils ont repris, et repris encore. Et avant que l’on puisse dire ouf !, ils l’avaient enregistrée. J’étais stupéfait. C’était tellement parfait ! Je suis ressorti en la fredonnant. »

Un thème incontournable

Dans le pilote, outre le générique, le thème est utilisé quand l’équipe arrive à Santa Costa puis en repart. Il sera par la suite rare de l’entendre à l’intérieur même des épisodes (si ce n’est à la fin du Conseil (2ème partie) et de L’Astrologue). Trois nominations aux Emmy et un Grammy en 1967 viendront récompenser son auteur, qui aura la satisfaction de voir sa création devenir au cours des années un thème incontournable de la culture pop.

Les Kane Triplets en ont produit une version chantée en 1968, Barry Collins l’a utilisée pour une de ses chorégraphies en 1980, et de nombreux films et séries l’ont cité (Wayne’s World, Action mutante, Les Simpsons…). John E. Davis va le réactualiser au synthé pour les besoins du revival avec Peter Graves, Mission : impossible 20 ans après en 1988. Lorsque la série sera adaptée au cinéma avec Tom Cruise, plusieurs rock stars s’y attaqueront à leur tour : Adam Clayton et Larry Mullen Jr (le bassiste et le batteur de U2), le groupe Limp Bizkit, ainsi que Kanye West (chanteur et producteur de hip-hop) et Jon Brion.